Les apports de la recherche-formation en gérontologie sociale : la lutte contre les phénomènes de renforcement de la dépendance dans les établissements médico-sociaux

Abstract

RÉSUMÉ: L'importance que l'on semble accorder au pôle social dans les établissements médico-sociaux pour personnes âgées ne semble pas empêcher la persistance d'une vision médicalisée de la vieillesse et du vieillissement. Par ailleurs, les professionnels en gérontologie, notamment ceux du secteur social, ne semblent pas pouvoir se dégager des mécanismes de la «prise en charge institutionnelle» dans leur lutte contre le renforcement de la dépendance. La logique sous-jacente à ces mécanismes obéit à une conception classique qui fait de la dépendance et de l'autonomie des phénomènes objectifs. Or, ces deux notions désignent également des phénomènes profondément subjectifs dont l'analyse doit tenir compte du niveau d'organisation interne des individus (professionnels et personnes âgées) et de son rapport avec les modes de fonctionnement institutionnels. On note ainsi que le renforcement de la dépendance peut être compris dans le cadre de ce qu'on peut qualifier comme le «travail du négatif» dans l'institution. Or, ce travail du négatifpeut être aussi à l'origine d'un processus formateur (re-création constante des dynamiques institutionnelles), par un effort collectif d'identification, de prise de distance et d'analyse des dysfonctionnements institutionnels. Cette constatation nous invite à proposer une approche différente, celle de la recherche-formation, aux pratiques professionnelles en gérontologie sociale: répondre au besoin, vital à l'institution et aux membres qui la composent, de confronter les modèles théoriques et les pratiques aux discours sur le vécu institutionnel (notamment des personnes âgées). La recherche-formation avec les personnes institutionnaliséespeut ainsi devenir le lieu de structuration collective d'un savoir, qui à son tour peut être à la base des processus créatifs nécessaires à la lutte contre les phénomènes de déliaison dans l'institution.

ABSTRACT: The apparent importance given to the social aspect in medical-social elderly people homes seems unable to avoid the medicalised view of age and ageing. Gerontological professionals, social workers among others, don't seem to have the possibility to sift out the «institutional uptaking» while struggling against dependency enhencement. The underneath logic obeys to classical conceptions which point towards dependecy and autonomy as objective phenomena. Thus, the two notions show also deeply subjective phenomena which are to be considered in the internal organisation level of persons (workers and elderly people) and its relations with institutional fonctioning. One may say that the «work of the negative» in the institution appears to be the best definition of dependency reinforcement. Now, the «work of the negative» may also initiât a formative process (constant institutional dynamic re-creation) through a collective effort of identification, distanciation and analysis of institutional misfunctioning. This leads us to propose a different training conception, research-training, to social-gerontological working applications: answering the necessity vital to workers and elderly persons, to compare theoretical models and applications to the so called discourse about the institutional day to day life (specially of elderly persons). The research-training with residents of medical-social homes may become the locus for a collective knowledge structuration, which may later initiate the essential creative processes necessary to fight against «de-linking» phenomena inside the institution.